Funky town

Publié le par paquito

Chers amis lecteurs, le thermomètre chute inéluctablement, mais mon tour de France des villes froides continue et, après une escale rafraichissante à Lille en octobre (brrrr....), c'est dans l'imprévisible cité stéphanoise (glagla...) que j'ai eu récemment la joie de me les peler. Mais quelle idée me direz-vous ??

 

Sachez que pour moi, l'appétit de culture prime sur le reste : telle est ma voie, il faut savoir sacrifier le confort du corps pour s'élever l'esprit. Les moins charitables d'entre vous pourraient opposer : mais culture / St-Etienne, quel rapport ? Béotiens que vous seriez ...

 

Certes, cette bonne ville de St-Etienne cumule un certain nombre de tares qu'il serait malhonnête d'occulter : enclavement géographique, froid de canard, laideur et incohérence architecturale, désuétude commerciale, vie nocturne aussi agitée que dans un camping de mormons, culture footeuse pathétique et éthylique ...

 

Mais St-Etienne est aussi capable de se distinguer sur le plan culturel à l'échelle nationale, voire internationale, faisant ainsi palir la brillante et prétentieuse soeur ennemie lyonnaise.

Rappelons en effet que Sainté héberge un des plus beaux musées d'art contemporain de l'hexagone, le MACSE (ça a presque autant de gueule que le MOMA ou le MACBA ...), auquel votre serviteur ne manque jamais une occasion de rendre visite lorsque le sort le conduit aux contreforts du Pilat.

Confirmons d'emblée la bonne tenue de l'exposition permanente de ce musée, pédagogique et étayée de quelques pièces tout à fait remarquables issues des mouvements américains et allemands fondateurs de la discipline (Warhol, Judd, Richter, Bäselitz, Lichtenstein ...), collection mise en valeur par la qualité architecturale du musée et par la richesse de sa bibliothèque spécialisée en libre accès.

A ce socle, s'ajoutent des expositions temporaires variées et tout à fait dignes d'intérêt, comme les étonnantes installations d'Antony Gormley, que vous pourrez encore aller admirer jusqu'au 25 janvier prochain.

 

 

Antony Gormley - Allottment II (1996) : un espace de "boîtes corporelles" en  béton, symbolisant la population d'un village suédois : dimensions mais également emplacements des orifices physiologiques (bouche, anus, organes génitaux) sont répliqués à l'image des habitants du village. Au-delà de l'apparente uniformité, chaque "pièce" est différente.

 

Mais l'esprit novateur à Sainté, c'est surtout la place centrale qu'occupe désormais le design autour de la biennale internationale, dont c'était cette année la 5ème édition, et de l'émergente cité du design, espace urbain en mutation constitué d'anciens batiments et entrepôts militaires devenus aujourd'hui des lieux de création et d'exposition.

Cette culture du design, vous la découvrirez aussi au quotidien, dans des ateliers et des boutiques nichés dans des recoins inprobables de la ville, à côté d'un chapelier ou d'un marchand de bibelots religieux d'un autre siècle.

 

Le design puise ses sources à St-Etienne dans le passé industriel et manufacturier de la ville mais sait se renouveler et se conjuguer à des projets artistiques ou architecturaux de premier plan. Ainsi pouvait-on admirer lors de cette biennale, en aparté de l'expo officielle, un parcours composé d'innovations architecturales et de créations artistiques remarquables disséminées sur le site du musée de la mine.

Art, architecture, design, une belle synthèse rendue possible dans ce lieu grâce à l'atmosphère et au potentiel offert par les espaces industriels de l'ancienne mine désaffectée.

 

On aime bien Saint-Etienne finalement, une ville à la fois âpre et attachante, où les gens sont simples. Simples et funky.

Publié dans zusammen

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