Elektronische Deutsche Demokratische Republik

Publié le par paquito

Le nachtzug de 20h40, qui s'était ébranlé une dizaine heures auparavant en gare du Nord, longeait la Spree d'ouest en est. Cette arrivée matinale à Berlin annonçait la couleur.
Si nous n'étions pas descendus dans les quartiers cossus du Zoologische Garten ou du Tiergarten, ni même dans le nouveau centre ville conquis sur l'ancien no man's land, du côté de Hauptbahnhof ou de Friedrichstrasse, c'est bien que nous voulions aller là où la ville vibre et se réinvente chaque jour, à l'est de l'Est. Ostbahnhof, terminus.

Ostbahnhof, auf wiedersehen, nous nous reverrons, c'est certain. En attendant, direction nos pénates pour aussitôt en repartir et explorer la ville. Le tribut au parcours convenu du touriste doit toujours être payé quand on visite une ville : ne pas se surestimer ni avoir pitié de ses pieds.

Pour le premier soir aussi, soyons modestes et révisons nos classiques : un jeudi, Prenzlauer Berg et la soirée au Weekend fourniront un sas de décompression des plus honnêtes pour deux parisiens qui n'ont pas encore pris toutes leurs marques. On ne passe du village à la ville sans prendre quelques précautions.

Comme souvent dans ces circonstances, où l'on a tendance à planifier et prédire ce qui va se passer, le choc viendra d'où on ne l'attendait pas.

Mais avant le choc, ce fut le réconfort, procuré par un délicieux et modique menu bière-soupe-houmos servi dans le bar "alternatif" Morgenrot. Ici, le staff est plus qu'aimable et pas du tout speedé : nous découvrirons bientôt que cette attitude est la norme à Berlin. Sas de décompression ...

Avec une excellente Zuppe et un litre de bière dans le cornet, nous voilà prêts à nous échauffer : justement, le bar dénommé Der Republik, réputé pour sa déco originale et un son décapant, se trouve à quelques pas de là. Imaginez un apart de 15m sur 30 au premier étage d'un immeuble des années 60 en vilain béton, transformé en bar doté de dizaines de sièges et banquettes bordéliquement disposées avec un sound system de club. Le son, dispensé par deux jeunes DJ, est une house minimale des plus érudites et toniques. Avec EG, on sait tout de suite qu'on va rester un petit moment dans ce lieu dont on a toujours rêvé à Paris, d'autant que le bar affiche des prix sympathiques : ici aussi c'est la norme. Sas de décompression ...

L'alcool aidant, s'ensuivit une discussion vaine entre la plus grande clubbeuse de Paris et moi sur le fait de savoir si on pouvait exporter le concept de ce lieu dans la ville lumières. Question à laquelle il fut initialement répondu oui, sous réserve de s'installer à l'extérieur du périph et sans voisins grincheux tout en arrivant à drainer une clientèle substantielle, donc après réflexion, la réponse fut finalement : non. Notre idée folle de projet de bar électro à Paris avait vécue.  Sas de décompression ...

A Berlin, même Mireille Mathieu a la vibe

Vlà-t-y pas qu'il est une heure du mat et grand temps de gravir les 12 étages qui séparent le sol froid d'Alexanderplatz du dance floor du Weekend, boîte mythique implantée en haut d'une tour de bureaux, avec vue panoramique sur Berlin Est et tout et tout ...
Un liftier nous accompagne dans l'ascenseur et EG hallucine. Moi, je connais et sans me la jouer blasé, c'est plutôt d'entendre parler espagnol et italien tout autour de moi qui me fait flipper : les touristes j'aime bien, surtout quand moi aussi j'en suis un, mais on est à Berlin, nicht war ?

Arrivé en haut, une confirmation : ce club vaut vraiment le détour avec son immense bar central, ses banquettes noires qui longent les vitres panoramiques et surtout, ses platines de plein pied avec la scène, qui permettraient quasi de choisir les disques à la place du DJ dans sa musette et de boire dans son verre. Impensable à Paris. Quand on sait que les plus grandes stars de la scène électro allemande se produisent régulièrement ici, ça laisse rêveur. Sas de décompression ...

Côté programmation, les deux larrons de l'écurie BPC, Paul Kalkbrenner et Zander VT, ne nous laisseront pas un souvenir impérissable, mais qu'importe. Dès le premier soir nous avons déjà ressenti l'immense décalage horaire qui sépare les nuits parisienne et berlinoise.

Ce n'est qu'un début. Rien ne sera désormais tout à fait pareil.


Adresses :

Odyssee Hostel, Grünbergerstr., U-Bahn Frankfurter Tor ou S-Bahn Warschauerstr. 20€/p chambre double, lits individuels, 15€/p dortoir
Morgenrot, Kastanienallee, U-Bahn Eberswalderstr. bière (50cl) 1,50€, soupe 3€
Der Republik, Papelstr., U-Bahn Eberswalderstr. bière (50cl) 3€
Weekend, 5, Alexanderplatz (tour Sharp), entrée 8-10€, alcool 4€

Publié dans Eh - y a encore du son

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V
Presque au sens strict, pour les germanophones en herbe :<br /> <br /> http://fr.youtube.com/watch?v=_36YaRbmOXM<br /> <br /> Heute ist ein großer Tag, ich lerne Deutsch :) (Lektions 1-7)
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P
ma chère elisabeth, je suis germanophone en herbe ... autodidacte qui n'a pas peur de dire des anneries, mais les allemands sont cool et ne me regardent pas de travers quand j'écorche leur langue<br /> <br /> EG, tu sais bien que berlin avec toi, on remet çà quand tu veux !
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E
Merci Paquito pour ce séjour à Berlin. On remettra ça rien que pour la vue depuis le week end et ... la bière pas chère. <br /> Bises EG.
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E
mazette! serais-tu germanophone, par hasard?<br /> <br /> bon sinon y a trop de musique inconnue, je comprends rien...<br /> <br /> Elisabeth, germanophone à ses heures perdues
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A
P***** !!!!!! magnifique narration nach Berlin ! EDDRbürger :)
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